Êtes-vous sensible au genre ?


Afin de favoriser une parfaite compréhension et appropriation du genre, le programme CLE a organisé du 25 au 27 mai 2021 à Ouagadougou, une formation au profit des membres des quatre organisations qui constituent le consortium pilotant le programme triennal.  La pertinence de cette formation a été unanimement saluée par les participants.   

CLE est un programme qui vise à promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes hommes et jeunes femmes au Burkina Faso. Dans le cadre de l’exécution de ses activités, le programme CLE prend en compte l’approche genre qu’elle promeut auprès de ses partenaires. C’est ainsi qu’il a organisé pendant trois jours, une formation proactive à laquelle une vingtaine de membres du consortium ont participé. 

Le genre est une construction sociale

Avant cette formation, tout comme moi, certains participants avaient une idée vague et confuse de ce que l’on pourrait appeler « genre ».  Pour certains, le sens de ce concept se confondait au concept « sexe » (masculin ou féminin). Cette conception sera très vite obsolète lorsque Dr. Sita ZOUGOURI spécialiste de la question à Tanager International et par ailleurs anthropologue et sociologue de formation, a fait un exposé détaillé du thème : « Déconstruire et comprendre le genre ». Au travers de ce module, elle explique clairement que le genre est appris, culturel et varie d’une société à une autre.  Quant au sexe il est biologique c’est-à-dire naturel, inné, universel.  Des explications de cette spécialiste, on retient essentiellement que toutes les différences sociales entre les hommes et les femmes sont construites et acquises à partir de notre naissance. Il faut préciser que de la même façon que les femmes connaissent des inégalités genre, les hommes également peuvent connaitre des inégalités genre selon le milieu.

Dr. Sita ZOUGOURI en train de déconstruire le genre

Les institutions à l’origine des construits sociaux

Au cours de ces trois jours d’apprentissage, Dr. Sita ZOUGOURI a partagé avec l’assistance le fait que l’école, la famille et la religion ont souvent joué un rôle négatif en matière de renforcement de la division du travail, autre conception quasi erronée de la société traditionnelle. Selon notre interlocutrice, la responsabilité de ses institutions est engagée en ses sens que depuis des lustres elles casent les filles et les garçons dans des compartiments différents et bien précis assorti de dédain, raillerie et de mépris de la part de la société ou de la communauté de celui ou celle qui se retrouve en train de faire ce qui est considéré comme « activité destinée au sexe opposé ». Ces fausses visions, regrette la formatrice, présentent généralement l’homme comme le sexe fort chargé de ramener au quotidien le pain à la maison. Pendant ce temps, la femme signifie maternité, travaux ménagers, faiblesse, etc.  De l’avis de Dr. Sita ZOUGOURI, si on ne brise pas une société pour la reconstruire, il est cependant important de trouver une porte d’amélioration de ces constructions sociales désuètes perpétuées par les institutions en charge de l’éducation des Hommes de tout pays.

Equité ou égalité entre les genres ?

« L’objectif de cette formation n’est pas de dire que l’homme et la femme sont égaux. Le but c’est de promouvoir l’quitté entre les genres », a précisé Dr. Sita ZOUGOURI. En effet, le but de l’approche genre d’amener à prendre conscience de ce qu’est la réalité de chaque individu et de compenser les différences en donnant à chacun selon ses besoins. Autrement dit, pour être juste, dit-elle, les ressources disponibles doivent servir à compenser les désavantages historiques. Pour mieux se faire comprendre, elle a utilisé une image illustrative montrant trois (03) personnes suivant une partie de baseball. 

Illustration de l'artiste Angus Maguire

La conclusion ici est que, l’équité requiert que chacun reçoive selon ses besoins. Si l’on devait s’en tenir à l’égalité, chacun aurait reçu la même chose que l’autre, même si d’aucuns n’en avaient pas forcément besoin et bien-sûr certains resteraient toujours dans leur souci initial. D’où l’urgence, a insisté la formatrice, de disposer d’une stratégie genre dans la conception et la mise en œuvre de tout projet de développement et dans toutes les structures et organisations nationales et internationales. Il en est de même pour le développement, car pour se développer il est important de savoir ou concentrer les efforts pour assurer de manière indéfectible l’épanouissement de tous.

Processus d’éradication des stéréotypes

Les stéréotypes sont des gangrènes qui ont la vie dure dans nos sociétés. Pour ralentir l’avancée impitoyable des stéréotypes et des préjugés, la  première thérapie de choc contre ce mal qui ronge nos sociétés, selon Romain KENFACK, Directeur Pays de Tanager International au Burkina Faso, est de s’attaquer aux institutions telles que la famille, l’école, les institutions religieuses, les politiques publiques ou législatives qui doivent être la première cible dans le processus de déconstruction des stéréotypes. Romain KENFACK est persuadé qu’en les touchant cela va sans doute ces préjugés métamorphosés en normes sociales cèderont à des normes plus sensibles au genre et plus favorable au développement et à l’épanouissement des jeunes hommes et jeunes femmes du pays des hommes intègres.

Groupe de discussion

Il faut entreprendre pour s’autonomiser

L’entrepreneuriat est l’un des chemins sûrs pour atteindre l’autonomisation des jeunes. Il est important de garder un œil vigilant sur ce domaine car il s’avère être un concept masculin au départ. Cependant, de nos jours, l’entrepreneuriat doit être un cheval de bataille aussi bien pour les jeunes hommes que pour les jeunes femmes, potentiels piliers de développement du Burkina Faso.  C’est pour cette raison que le programme CLE mène la lutte contre les inégalités basées sur le genre.

La promotion de l’entrepreneuriat des jeunes femmes permettra de mettre en état de vétusté tous les stéréotypes érigés majestueusement contre l’entrepreneuriat des femmes et se cachant derrière des conceptions rétrogradées, selon lesquelles, une femme dite autonome, cesse d’être une bonne épouse. C’est l’un des principaux objectifs de cette formation riche en « désintoxication mentale ». 

CULTIVONS L’ESPRIT D’ENTREPRISE (CLE) est un programme triennal mis en œuvre par un consortium de quatre organisations (TanagerLa FabriqueWakatLab et MEDIAPROD). Il bénéficie du financement du Royaume des Pays-Bas.

Article de blog écrit par Marcel BIYEN et édité par Hadepté DA de MEDIAPROD.

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