L’ambassade des Pays-Bas sur le front de l’extrémisme violent


Les 07 et 08 juin 2021 à Ouagadougou, j’ai eu l’opportunité de participer à une formation enrichissante sur la « pertinence de la prévention de l’extrémisme violent des programmes de coopération de développement ». Cette formation a été organisée par l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas au profit de ses organisations partenaires. Nous y étions au nom du consortium du programme « Cultivons L’esprit d’Entreprise » (CLE). 

Le contexte socio sécuritaire au Burkina Faso

Depuis les 05 dernières années, le Burkina Faso connaît une dégradation de sa situation sécuritaire. En témoignent les récents évènements de l’horrible nuit du 04 au 05 juin 2021, où de nombreux civils ont été froidement massacrés dans la commune rurale de Solhan dans la région du Sahel.

Au cours de la formation, l’ONG Interpeace a présenté les résultats d’enquêtes « Jeter les bases d’une paix durable » dans toutes les 13 régions du pays, réalisées en mars 2021. Il ressort que nous assistons de plus en plus à une croissance de l’insécurité, une aggravation de la conflictualité et une fragilisation de la cohésion sociale. Plusieurs éléments ont contribué à nourrir ce climat de plus en plus hostile. 

Selon toujours Interpeace, les populations concernées ont souligné que les principaux facteurs de conflits sont :

  • L’inégalité dans l’accès à la jouissance des opportunités existantes ;
  • Le déficit de bonne gouvernance, rupture de confiance entre gouvernés et gouvernants ;
  • Une gouvernance sécuritaire vers une sorte de « promotion de l’auto-défense » ;
  • Des stéréotypes ethniques, risques de fragmentation sociale et de repli-communautaires ;
  • Un affaiblissement de légitimité et de capacités des cadres de transmission des normes et valeurs sociales.

Malgré ce tableau sombre, l’espoir est encore permis car le Burkina Faso possède encore des mécanismes de résilience que sont notamment la parenté à plaisanterie, une tradition d’hospitalité toujours valorisée dans certaines communautés, le matriarcat qui soude les liens familiaux, l’ouverture au mariage intercommunautaire. L’autre point positif est qu’il existe encore un dialogue inter-religieux comme ciment social et une éducation au savoir-être dans de nombreuses communautés.

Rôle des programmes de développement dans la prévention de l’extrémisme violent

Tout au long de notre formation, le Dr. Théophile DJEDJEBI a insisté sur le fait que pendant la rédaction du document du projet, il est essentiel de s’appesantir sur l’environnement dans lequel le projet sera mis en œuvre. Il s’agit concrètement de travailler sur le ciblage afin de prévoir ou envisager tout risque pouvant créer une situation de violence (extrême). Il s’avère alors plus que nécessaire de toujours prévoir dans le budget une partie afin d’amorcer tout risque possible.

Le contexte sécuritaire burkinabè impose par conséquent à tous les programmes de développement une analyse rigoureuse de la situation afin d’éviter toute possibilité d’aggravation conflictuelle lors de leur mise en œuvre. 

Une boite à outils de prévention de l’extrémisme violent a été proposée aux organisations présentes à la formation. Cette boite permet aux programmes d’aborder une approche sensible aux éléments pouvant déclencher une avalanche de haine. Ainsi, chaque programme devrait pouvoir identifier et catégoriser les éventuels risques selon les catégories suivantes :

  • Les facteurs idéologiques ;
  • Les facteurs socio-culturels ;
  • Les facteurs socio-économiques ;
  • Les perceptions individuelles ;
  • Les facteurs religieux et ;
  • Les facteurs institutionnels et situationnels.

Boite à outils de Prévention contre l’extrémisme violent

Comment entreprendre dans un environnement en proie à des violences ?

La question qui me taraudait sans cesse l’esprit était comment mener une activité génératrice de revenus dans un contexte rempli de violence ?

Alors en se souvenant de cette citation de Marie Curie « La vie n'est facile pour aucun de nous. Mais quoi, il faut avoir de la persévérance, et surtout de la confiance en soi. Il faut croire que l'on est doué pour quelque chose, et que, cette chose, il faut l'atteindre coûte que coûte », j’ai compris d’où ces jeunes des régions les plus secouées tiraient de leur courage et leur soif de réussite. Ne pas abandonner et continuer à se battre est une manière pour eux de ne pas sombrer. Une manière d’honorer toutes ces personnes qui ne sont plus et maintenir haut le drapeau du Burkina Faso encore dans leurs régions.

CULTIVONS L’ESPRIT D’ENTREPRISE (CLE) est un programme triennal mis en œuvre par un consortium de quatre organisations (TanagerLa FabriqueWakatLab et MEDIAPROD). Il bénéficie du financement du Royaume des Pays-Bas.

Article de blog écrit par Géraldine KAÏN et édité par Hadepté DA de MEDIAPROD.

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